
Immaturité cérébrale
Comparé aux autres mammifères, le cerveau de l’enfant est extrêmement immature, vulnérable et malléable et toutes ses compétences ne maturent pas à la même vitesse. Une des implications est qu’il ne maîtrise pas ses émotions : il ne peut donc pas réagir comme un adulte et n’est donc pas « méchant ». Il subit lui-même, ses propres tempêtes émotionnelles.
Le cerveau de l’enfant est très vulnérable. Ceci a été mise en évidence par la notion de « période critique » : c’est-à-dire que la présence ou l’absence d’expérience ou d’exposition importante à un stimulus entrainera un changement irréversible dans le développement du circuit cérébral concerné. (Chez l’animal par exemple, l’absence d’exposition des yeux à la lumière avant un certain âge, rend les bébés aveugles car les connexions cérébrales n’ont pu s’établir à temps).
Le cerveau de l’enfant est extrêmement malléable ou «plastique». A la naissance, il a un potentiel infini, qui se réduira au fur et à mesure de l’établissement de connexions cérébrales préférentielles. Celles-ci s’établiront en fonction de son environnement physique, social et affectif qui agit directement, en profondeur, et de façon globale, à la fois sur le cerveau cognitif (rationnel) et cerveau affectif (émotionnel).
Les étapes du développement cérébral
Le cerveau archaïque (reptilien)
Partie la plus ancienne du cerveau, il est responsable de la régulation du système nerveux autonome (respiration, fréquence cardiaque, pression artérielle, sommeil, équilibre etc)
L’amygdale joue le rôle d'une alarme qui s'active, chaque fois que le cerveau détecte un danger. Face au danger, sont alors déclenchés les comportements instinctifs réflexes liés à notre survie : attaque, fuite ou sidération.
Chaque situation de danger mettra en compétition l'amygdale et le lobe frontal (qui appartient au néocortex, et permet d’évaluer, rationnaliser et dominer le danger), cependant chez l’enfant jusqu’à 5-6 ans, le cerveau archaïque reste prédominant.
Il n'est donc pas productif de vouloir raisonner un jeune enfant affamé, (situation ressentie comme un danger pour l’enfant).
La solution est d’abord de répondre à ses besoins quand il a faim, froid ou sommeil. Au fur et à mesure de la maturation de son lobe frontal, et en fonction de son état de fatigue, il pourra peu à peu apprendre à les différer.
Le système limbique (Cerveau émotionnel)
Partie responsable notamment des émotions (agréables ou désagréables), de la mémorisation et des circuits de la récompense. L’hippocampe responsable de la mémorisation est la seule structure du cerveau qui présente une neurogénèse (fabrication de nouveaux neurones) permanente, même chez l’adulte.
Le système limbique régule les comportements instinctifs (d’attaque, de fuite ou de sidération) du cerveau archaïque. Le système limbique est lui-même régulé au fur et à mesure par le néocortex, afin que les émotions ne soient pas envahissantes.
Le cerveau émotionnel est reste également dominant chez l’enfant jusqu’à 5-6 ans. A l’adolescence, il y a une activation majeure du système limbique, mais le néocortex n’est pas encore en capacité de le réguler parfaitement. Ceci explique que la gestion des émotions soit différente entre les adolescents et les adultes. Les activités type méditation, escalade, plongée, musique etc sont des pratiques qui permettront indirectement l’accès à un meilleur contrôle de soi.
Le néocortex (Cerveau rationnel)
L’être humain a le néocortex et les lobes frontaux les plus développés du règne animal.
Le néocortex représente 85% du volume cérébral de l’adulte.
Il est responsable des fonctions cognitives dites supérieures : (conscience, langage, capacités d’apprentissage, perceptions sensorielles, commandes motrices volontaires, représentation dans l’espace, prise de décision et jugement adaptatif), ainsi que de la régulation du cerveau archaïque, et du cerveau émotionnel.
Le néocortex permet la maîtrise de soi et sera mature vers l’âge de 25 ans en moyenne. Du fait de son moindre contrôle frontal, l’enfant vit donc les émotions beaucoup plus intensément que l’adulte.
«La partie frontale qui est celle qui intériorise les règles, exerce cette capacité de maîtrise de soi. Les problèmes se résolvent donc en accord avec les normes établies et cela permet au cerveau rationnel de prendre le contrôle sur le cerveau émotionnel quand cela est nécessaire… À partir de 3 ans l'enfant commence à être capable de contrôler ses instincts primaires mais a toujours besoin de beaucoup d'affection et de compréhension pour maîtriser son cerveau émotionnel, en particulier lorsque ses besoins primaires ne sont pas satisfaits. Son cerveau reptilien peut alors reprendre le contrôle de son comportement»
Le cerveau de l’enfant expliqué aux parents.
Alvaro Bilbao
Les émotions
Dans le règne animal, le dauphin perçoit le monde sous forme d'ultrasons, le serpent sous forme d’infrarouges, permettant de détecter la chaleur. L’être humain, au fur et à mesure de son développement cérébral et du développement du langage, passe d’une perception à travers les émotions et le jeu chez l’enfant, à une perception sous forme d'idées, de mots et de raisonnements chez l’adulte.
Les émotions jouent un rôle dans la connaissance de soi, la réflexion, et les apprentissages. Le jeu est l’activité dans laquelle les émotions et la mémorisation sont le plus efficientes. Jouer avec l’enfant permet donc d’entrer émotionnellement en contact avec lui mais aussi de soutenir ses apprentissages.

Modèle parental, neurones miroirs et imitation
Les neurones miroirs sont essentiels au développement de l’enfant. Lorsqu’une personne observe une scène, ils activent chez cet observateur les mêmes circuits cérébraux, que ceux nécessaires à la réalisation de cette action. Lorsque l’enfant voit un adulte parler, il se réalise déjà dans son cerveau les connexions nécessaires à la production des sons émis par l’adulte. Voir un mouvement, l’imaginer (ou le visualiser comme font les sportifs) constitue donc un véritable entraînement à sa réalisation. Les neurones miroirs sont responsables d’automatismes d’imitation (tels que la contagiosité des bâillements) et interviennent dans les phénomènes d’empathie et de sympathie.
Dans tous leurs comportements, les adultes sont donc de très puissants modèles par l’intermédiaire de l’imitation, facteur essentiel du développement de l’enfant. Nous transmettons tout : ce que nous faisons, disons et ce que nous sommes. Soyons pour nos enfants les modèles que nous voulons qu’ils imitent mais il n’est pas nécessaire pour cela d’atteindre la perfection.
Déculpabilisons de nos erreurs
Montrer « le bon » exemple ne signifie pas « être parfait ». Au cours d’un parcours parental, commettre des erreurs est inévitable et même utile.
Commettre des erreurs n’est pas grave d’autant plus si on sait les reconnaître : ce sera alors très éducatif pour l’enfant. Il prendra conscience que tout le monde commet des erreurs, comme lui, et que l’on apprend de ses erreurs.
Cela lui montrera comment gérer l’erreur : réparer, s’excuser, prendre du recul, analyser, demander de l’aide. Cela lui montrera également comment gérer et s’autoriser à partager ses émotions ( qu’elles soient agréables ou désagréables : comme la tristesse et la colère par ex) et savoir parler de ses difficultés (auto-évaluation). Pour cela il suffit d’être «authentiquement imparfait» et «suffisamment bon»
Qualité de relation
La qualité de la relation est une condition fondamentale pour le développement optimal du cerveau de l’enfant, notamment par le biais du respect, de l’empathie, du soutien, de l’encouragement et de l’amour inconditionnel.
Au cours de l’éducation, ces éléments favorisent la production une hormone appelée l'ocytocine qui permet notamment un développement harmonieux du cerveau avec un équilibre entre intelligence émotionnelle et rationnelle.
A contrario, une éducation basée de façon répétitive sur punitions, violences physiques, cris, humiliations verbales et physiques, chantages et menaces verbales génère du stress et de la peur, qui entravent le développement du cerveau et peuvent entraîner des troubles (par le biais de la surproduction d’hormones de stress comme le cortisol notamment).
De ce fait, un excès de stress peut entraîner une destruction neuronale notamment:
- Dans le cortex préfrontal => difficultés d'apprentissage, de concentration, et de gestion des émotions.
- Dans l'hippocampe => problèmes de de mémorisation.
Cependant le stress occasionnel et le cortisol à dose « normale » font partie du fonctionnement habituel de tout individu. Le zéro stress n'est ni possible ni même souhaitable.
Offrir un cadre et des limites
Les limites sont un des éléments essentiels du développement de l'enfant, que ce soit intellectuel ou émotionnel.
Tous les comportements ne sont pas acceptables et des règles explicites contribuent à la sécurisation physique et affective de l’enfant.
L’adulte peut prendre ses responsabilités, élever son enfant, lui transmettre ses valeurs dire non, et le faire en comprenant l’enfant ainsi que ses émotions, sans l’humilier.
Être empathique n’a rien à voir avec du laxisme.
Le cerveau est un organe « probabiliste » qui fait des prédictions en fonction de ses expériences passées.
Un cadre stable (c’est-à-dire des évènements et règles reproductibles et rythmés : les habitudes), permet au cerveau de l’enfant d’anticiper ce qui va se passer, ce qui a un effet de sécurisation pour l’enfant.
Les habitudes n’ont pas pour autant besoin d’être rigides, elles peuvent évoluer tranquillement et être adaptables. Cela habituera l’enfant à la flexibilité, lui permettant de se sentir en sécurité et calme, face au changement et à l’inattendu.
L'enfance est une période propice à l'apprentissage qui sera favorisé par la compréhension et le respect de ses besoins spécifiques, notamment ses rythmes biologiques (sommeil, alimentation). Il est démontré qu’un enrichissement de l'environnement, par des activités de contact avec la nature, cognitives (lecture, jeux), artistiques, physiques et sportives, dans un cadre sécurisant et bienveillant, modèlent le cerveau de façon positive.
Empathie, attachement et émotions sont indissociables et au cœur de la qualité de la relation.
Docteur Marine Pougeon
« la qualité de la relation au cœur de l’accompagnement »
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